Pensée de la semaine
"Aimer, c'est accepter l'autre tel qu'il est,
non pas tel qu'on voudrait qu'il soit."
- Alfred Romano
Vous êtes ici : Accueil / Actualités / Célébration d'ouverture des Fêtes du 125e anniversaire 1 mai 2002
On ne se donne pas des racines; on a celles que l'on a. La célébration d'aujourd'hui, à l'occasion du 125ième de la Congrégation, permet d'identifier et de nommer des racines qui étaient là et qui fructifient depuis longtemps. En ce mercredi premier mai, c'est l'humble et grande figure de Joseph que l'Église nous propose en exemple et vers qui nous nous tournons pour interpréter notre expérience pèlerine de «soeurs de Joseph».
Joseph : homme de foi
Dès l'origine, le bon Mgr Moreau confie l'Institut naissant à Joseph, homme de foi. Permettez-moi d'utiliser son langage : «Nous vous avons donné pour père et protecteur spécial de votre Institut le bienheureux Patriarche saint Joseph (...) Nous tenions à vous le proposer comme modèle le plus accompli de la conformité à la volonté divine (...) Vous vous ferez donc un devoir, d'avoir les yeux constamment fixés sur ce beau modèle et de l'imiter aussi fidèlement que possible dans son obéissance aux ordres du Ciel.» (Mandement de Mgr Moreau)
En effet, sans tout comprendre, Joseph a accepté, dans la foi, le plan mystérieux de Dieu et y a consacré toute sa vie. Il a renoncé à son projet personnel et a fait sien le projet d'un autre.
Dans la même dynamique, Élisabeth Bergeron, quoique fortement attirée par la vie contemplative, découvre dans le désir de son Évêque de fonder une communauté de religieuses enseignantes qui assumeraient la formation intellectuelle, morale et religieuse des jeunes de son diocèse, l'expression même de la volonté de Dieu sur elle. Consciente de sa faiblesse et de ses inaptitudes, elle consent à être l'instrument humble et disponible pour inaugurer cette oeuvre.
Une relecture de notre vécu communautaire nous permet d'observer des constantes du même ordre. Nous n'avons pas nos écoles primaires. Nous sommes plutôt actives dans le secteur public et nous travaillons en étroite collaboration avec les nombreux milieux paroissiaux où nous sommes insérées. Nous sommes de l'Église domestique, au coeur de la vie des gens, présentes, proches et accessibles pour partager les tâches et les responsabilités. Nous faisons partie du quotidien et là, nous tendons à révéler un Dieu qui se fait proche.
Joseph, l'homme du Fiat
N'est-ce pas le spécifique de Joseph de permettre à Dieu de naître chez-nous? Il a dit un « oui » indispensable à l'Incarnation.
Joseph l'homme du Fiat ne joue pas un rôle de premier plan, mais il est néanmoins un élément indispensable.
Fondée initialement pour répondre aux besoins du diocèse, très tôt, malgré des effectifs réduits et des ressources financières modestes, nous répondons à des appels surprenants. À peine 24 ans après la fondation, nous prenons la route du Manitoba et de la Saskatchewan. Au total plus de 300 soeurs prendront une part active à l'Éducation dans une trentaine d'endroits. En 1926, nous traversons les frontières américaines. En 1938, 4 missionnaires intrépides prennent le bateau, le train et le cheval pour atteindre l'intérieur des montagnes du lointain Basutoland (Lesotho) dans le Sud de l'Afrique afin de s'occuper d'une école, d'un dispensaire et d'un noviciat où attendaient déjà 5 aspirantes à la vie religieuse. En 1958, ce fut le Nord-Est brésilien qui voit arriver nos soeurs. En étroite collaboration avec le diocèse de St-Hyacinthe qui s'occupait alors de la mission de Cururupu, nos compagnes ont implanté là-bas l'esprit et le charisme des Soeurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe.
Dans les années 70, nous sommes présentes dans 72 paroisses du diocèse de St-Hyacinthe de même que dans les diocèses de St-Jean-Longueuil, Sherbrooke, Baie-Comeau, Rouyn-Noranda et Nicolet. En 1970, c'est au Sénégal que nous nous insérons afin d'assurer l'éducation des jeunes et de seconder une communauté autochtone dans la formation initiale de ses soeurs. En 1990, nous entreprenons d'instaurer une école primaire aux Abricots, en Haïti. C'est au bout de l'île. La route est à peine carrossable. Il faut quelquefois traverser à pied une rivière qui déborde. Une école neuve est toujours inoccupée depuis 10 ans... ce qui fait dire à un vieillard à l'arrivée des Soeurs : «Je peux mourir en paix, j'ai vu les Soeurs aux Abricots». En 1994, c'est au Tchad, à Moundou, que nous expérimentons la foi audacieuse «des confiantes en la Providence». Nous acceptons la relève à la direction d'un lycée catholique en plein milieu musulman et nous formons une communauté composée d'une soeur brésilienne, d'une manitobaine et d'une québécoise.
Joseph, l'homme fidèle
On ne démarre pas une aventure. On commence petit à petit et on est entraîné à faire toujours plus que l'on avait prévu. À la suite de Joseph qui pourrait être le patron du caché, du surprenant, de l'inattendu, nous avons marché sur des routes aux contours mal définis, supportant l'ambiguïté et risquant l'inédit.
À cause de sa disponibilité aux mouvements de l'Esprit, Joseph est capable d'interpréter ses songes et de s'aventurer dans un chemin qui apparaît comme une impasse et une impossibilité à vue humaine. Il est le grand «discernant», ce qui lui permet de dépasser la loi de la répudiation et l'opinion des autres pour être fidèle à sa mission.
Joseph, le père légal, éducateur de Jésus a appris au Fils de Dieu à prier. Il a appris au Créateur de l'Univers à travailler. Il a été le protecteur de celui qui est la Providence du monde. Humble serviteur de ses proches, silencieux, Joseph le juste, est l'homme de la foi victorieuse du doute, de l'incompréhension, de la nuit. Il est l'homme de la tendresse pour Jésus et Marie.
À la manière de Joseph, par le discernement, nous essayons de choisir parmi les appels entendus ceux qui sont en communion avec notre raison d'être comme éducatrices et nous nous laissons inspirer par sa qualité de présence au milieu des gens de qui nous nous faisons proches.
Quand notre mission est accomplie, nous quittons, nous léguons à d'autres l'oeuvre entreprise. Au Sénégal, à l'ESSJ, en Haïti, dans les nombreuses paroisses où nous sommes passées, d'autres continuent, développent et enrichissent le projet initial. La vie se transmet.
Et aujourd'hui...
Où la vie nous entraîne-t-elle aujourd'hui?
Même si le temps de la marche pascale apparaît comme une impasse et une impossibilité à vue humaine, nous avançons avec une foi vigoureuse et une espérance têtue. C'est bien de nuit, comme Joseph que nous faisons confiance à Dieu que «nul n'a jamais vu» et que nous essayons de capter la voix de l'ange.
Nos expériences pèlerines nous font de plus en plus «voyager léger» au quotidien, en cherchant l'essentiel et en trouvant, dans la simplicité de la vie, une source de bonheur durable. Le bon sens, les analyses humaines, les calculs de probabilité, les échecs les plus absurdes n'empêchent pas le croyant de poursuivre sa marche.
Celui qui a créé toutes choses peut encore et toujours faire toutes choses nouvelles, accomplir des merveilles inconnues. Il peut faire surgir la vie dans les ventres stériles, faire fleurir les déserts, faire se relever et faire revivre les ossements desséchés (Ez. 37) pour une vie nouvelle.
Aujourd'hui encore, comme au premier jour de fondation, nous sommes toujours « profondément émues de la plainte du prophète Jérémie : «les petits enfants ont demandé du pain, et il ne s'est trouvé personne pour le leur rompre.» (Lam. 4, 4)
Témoignage de Madame Carole Dubeau
Témoignage de Madame Carole Dion
Article du Journal Le Courrier de Saint-Hyacinthe
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