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La leçon du cerf-volant


Un jour, un enfant demande à son père de lui confectionner un cerf-volant : un beau, un gros cerf-volant ! Le grand jour arrive:
- Fiston, c’est aujourd’hui que l’on bâtit ton fameux cerf-volant.
- J’arrive, papa!
Durant deux bonnes heures, père et fils, tête contre tête, tracent, scient, découpent, ajustent, collent… Enfin, le chef-d’œuvre voit le jour : un beau cerf-volant en quatre couleurs avec une corde d’une longueur impressionnante, enroulée autour d’un bâton solide.
- Papa, on pourrait se rendre jusque chez le bon Dieu avec une corde semblable.
- On ne sait jamais, Jean-Philippe. Il ne nous reste qu’à attendre le vent…

Le cerf-volant disparaît
Un bel après-midi de printemps, alors qu’un vent frais agite la cime des arbres, le père et l’enfant s’acheminent vers un terrain vague. Et c’est l’envol. L’enfant, guidé par son père, laisse dérouler la corde, donne un peu de lest, retient, relâche, ramène, court et court à perdre haleine. Progressivement, la vitesse de croisière semble atteinte et le cerf-volant virevolte dans l’azur, Il se détache, point minuscule, sur le bleu du ciel. Mais voici qu’il disparaît derrière un léger nuage blanc:
- As-tu perdu ton cerf-volant, Jean-Philippe?
- Non, papa, je tiens toujours la corde. Je pense qu’il est toujours là.

Tout à coup, voilà que le nuage s’obscurcit et que le ciel entier s’assombrit. Le vent s’affole, le tonnerre gronde, l’éclair déchire les nues. Durant de longs instants, l’enfant perd de vue son cerf-volant:
- As-tu perdu ton cerf-volant, Jean-Philippe?
- Non, papa, je tiens toujours la corde mais ça fait mal; je crois que mes doigts saignent.
- Tiens bon, fiston, et surtout ne lâche pas prise…
Soudain, le vent fléchit, le tonnerre se tait, l’éclair s’éteint. L’enfant tire sur la corde en l’enroulant autour du bâton et voilà que le cerf-volant vient choir docilement au pied du jeune apprenti.

Le mystère de Dieu
De retour à la maison, l’enfant, tout en se laissant panser la main, dit en regardant son père dans les yeux:

- Papa, pourquoi tu me demandais toujours si j’avais perdu mon cerf-volant. Pourtant, tu savais que je tenais la corde bien serrée, tu en as la preuve.

- Tu sais, Jean-Philippe, je voulais t’apprendre plus que de faire monter un cerf-volant dans les airs. Je voulais essayer de t’appendre le mystère de Dieu.
- M’apprendre le mystère de Dieu!

- Oui. Écoute-moi bien. Le Père, c’est le cerf-volant. Il est grand, il est majestueux, il est tout-puissant. Le vent, c’est son Esprit. C’est lui qui nous donne la force dans l’épreuve. C’est lui qui nous donne l’élan et le goût de monter, de s’améliorer, de lever les yeux vers le ciel. La corde, c’est le Fils que le Père a envoyé sur la terre. Il faut marcher avec lui et mettre notre main dans la sienne. Il faut le tenir très fort, même quand ça fait mal, même quand la tempête éclate, même quand Dieu semble se cacher ou disparaître. Est-ce que tu comprends mieux ce Dieu en trois personnes?
- Oh! Oui, papa. Je n’oublierai jamais la leçon du cerf-volant. Je te le promets!
- Et si jamais tu l’oublies, regarde ta main… tu y découvriras peut-être une fine cicatrice, le souvenir d’une ancienne blessure. Ce sera le signe, inscrit dans ta chair, du passage de Dieu dans ta vie.

Ghislaine Salvail, sjsh

 


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